Dans le lit conjugal, ils sont allongés, en cette fin de journée.

Lui : Vous venez souvent sur cette plage, je crois que je vous ai déjà vue !

Surprise , elle rit aux éclats.

Lui : Voilà, on ne peux jamais être sérieux. Oh! Il y a une régate là-bas.

Elle, joueuse : Ah oui, on dirait même que le vent forcît.

Lui : Vous aimez les bateaux ?

Elle : Certains sont magnifiques mais je n’aime pas les longues traversées, je m’y ennuie très vite.

Lui, tendre : Venez plus près, serrez-vous contre moi, le vent monte en effet.

Elle, rebelle : Monsieur, Monsieur, vous voilà bien audacieux !

Lui : Allons bon, craigniez-vous la Marine ?

Elle, sereine : Certes non, j’en ai vu d’autres…

Lui : La régate semble terminée, j’ai là caché sous le sable, champagne et amuse-bouches délicats, de quoi nous restaurer un peu. Êtes-vous affamée?

Elle amusée : Quel cachotier vous faites, cette perspective m’enchante et me réjouit, continuez vos bêtises.

Après cette petite collation, il saisit pelle, râteau, sceau, et érige un joli palais de sable pour son aimée.

Elle sourit.

Lui : L’horizon se vide, les bateaux rentrent au port, nous voici seuls face à l’océan.

Elle : L’immensité de la mer me fascine, les vagues nous bercent et scintillent dans le couchant, quel bonheur !

Derrière eux, les lumières de la ville s’allument, le dernier tube de l’été porté par le vent s’enfuit au large.

Serrés tendrement l’un contre l’autre, ils s’endorment paisiblement…Temps suspendu, évasion imaginaire heureuse.

Chaque jour, tous leurs cauchemars défilent et s’imposent sur les écrans : flots incessants d’images violentes, paroles fausses et propos incohérents.

A quoi jouent les hommes?

La guerre encore et toujours, pas si loin. Le tyran à face patibulaire mène la danse. Qui pourra l’arrêter?